Chapitre V - Le monde souterrain d'Ihokane
J'étais intrigué par les rumeurs qui circulaient dans les bas-fonds de la ville. On disait que des lieux souterrains abritaient les criminels et les parias de la société, qui s'y réunissaient pour échanger des informations et des services. Je me demandais si cela pouvait être lié aux meurtres sur lesquels j'enquêtais.
Dans les ruelles sombres et crasseuses, je suivais les traces du tueur présumé. Les indices récoltés au bar m'avaient mené à une bouche d'égout, cachée derrière un amas de détritus. C'était un accès méconnu au réseau souterrain de la ville. Je savais que je devais être prudent.
Le monde souterrain était aussi sinistre et effrayant que je l'imaginais. Des rats couraient sur les pavés humides, et l'air était lourd et nauséabond. Je progressais lentement, éclairant mon chemin avec une lampe torche. Les murs étaient recouverts de graffitis, certains représentants des symboles étranges que je ne comprenais pas. Je me demandais si ces marques pouvaient être liées au tueur.
Au fur et à mesure que je m'enfonçais dans les souterrains, je découvrais un réseau complexe de tunnels et de pièces secrètes. Certaines d'entre elles étaient occupées par des sans-abris, qui me regardaient avec méfiance et peur. D'autres étaient le repaire de trafiquants de drogue ou de voleurs, qui me dévisageaient avec hostilité.
Malgré les dangers, je continuais ma progression, guidé par mon instinct et mon expérience de détective. Finalement, je tombais sur un bar clandestin, où l'atmosphère était électrique et décadente. Les clients, des criminels de toutes sortes, parlaient à voix basse et échangeaient des marchandises illicites. Je savais que je devais être discret, mais j'étais convaincu que je trouverais des informations cruciales pour mon enquête dans cet antre de la pègre.
Je m'installais au bar et commandais un verre, cherchant à passer inaperçu tout en écoutant attentivement les conversations autour de moi. J'entendais des bribes d'histoires sur des meurtres, des vols et des trahisons. Je me concentrais sur les discussions qui semblaient liées aux meurtres de femmes dont je m'occupais.
Alors que je sirotais mon verre, je repérais un homme grand et costaud, correspondant à la description que j'avais obtenue au bar en surface. Il parlait avec un autre homme, plus petit et nerveux. J'essayais de capter leur conversation, mais ils parlaient à voix basse et je ne pouvais pas tout entendre.
Je décidais de les suivre discrètement lorsqu'ils quittaient le bar clandestin. Ils s'enfonçaient plus profondément dans les souterrains, paraissant connaître parfaitement le dédale de tunnels. Je gardais mes distances, me cachant derrière des piles de débris et des coins sombres pour ne pas me faire repérer.
Au bout d'un moment, les deux hommes s'arrêtèrent devant une porte métallique rouillée. L'homme grand et costaud sortit une clé et ouvrit la porte. Ils pénétrèrent à l'intérieur et je profitai de leur inattention pour m'approcher et jeter un coup d'œil à travers l'entrebâillement.
La pièce était sombre et exiguë, remplie de caisses et de sacs. Je pouvais distinguer des capsules d'oxygène de haute qualité, similaires à celles que j'avais trouvées chez Marie. Les deux hommes semblaient discuter d'un plan, mais je n'arrivais toujours pas à entendre clairement ce qu'ils disaient. Je devais trouver un moyen de m'introduire dans cette pièce et d'en apprendre davantage sur leur implication dans les meurtres.
Soudain, un bruit sourd retentit derrière moi, me faisant sursauter. Je me retournai et découvris avec horreur que j'avais été repéré par un autre homme, qui m'observait avec un sourire malsain. Avant que je puisse réagir, il m'assomma avec un objet lourd et tout devint noir.
Lorsque je repris connaissance, je me trouvais attaché à une chaise dans la pièce aux caisses d'oxygène. Les deux hommes que j'avais suivis me regardaient avec mépris, tandis que l'homme qui m'avait assommé se tenait en retrait, les bras croisés.
Le grand et costaud prit la parole : "Alors, détective, vous avez voulu jouer au héros ? Vous êtes tombé sur plus fort que vous. Vous allez maintenant nous dire ce que vous savez et qui vous a envoyé."
Je savais que je devais garder mon sang-froid et réfléchir à un moyen de m'échapper. Mon enquête m'avait conduit dans les profondeurs du monde souterrain d'Ihokane, et je devais découvrir la vérité sur ces meurtres, même si cela signifiait affronter les pires criminels de la ville.
Gardant mon calme, je répondis d'une voix posée : "Je suis un détective privé. Personne ne m'a envoyé, je travaille seul. J'enquête sur les meurtres des jeunes femmes, et je pense que vous pourriez être impliqués."
Le grand homme éclata de rire, puis son visage se durcit. "Et bien, détective, il semblerait que vous soyez allé trop loin cette fois. Vous ne sortirez pas d'ici en vie."
Je devais trouver un moyen de les convaincre de me laisser partir, ou du moins de gagner du temps pour tenter de m'échapper. "Écoutez, je peux vous être utile", dis-je avec assurance. "Je connais les rues de cette ville mieux que quiconque, et je peux vous aider à éviter de vous faire attraper par la police. En échange, vous me laissez partir et me fournissez des informations sur ces meurtres."
Ils éclatèrent de rire, et me dirent : "Tu crois que nous, on ne connaît pas la ville, les flics et les notables ? Pauvre naïf."
Je compris que je devais changer de tactique si je voulais sortir de cette situation vivant. J'attendis le bon moment pour tenter ma chance. Alors que le grand homme s'approchait pour me gifler, je me baissai rapidement, esquivant son coup, et profitai de son déséquilibre pour lui donner un coup de pied dans le genou. Il s'effondra de douleur, et je m'élançai vers la sortie.
Le petit homme nerveux se lança à ma poursuite, mais je parvins à le semer en me faufilant à travers de sombres tunnels étroits. Mes poumons me brûlaient et mon cœur battait à tout rompre, mais je savais que je ne pouvais pas m'arrêter.
Finalement, je me réfugiai dans une petite pièce qui semblait servir de chambre. À ma grande surprise, je découvris une jeune prostituée, assise sur un lit délabré et couvert de chiffons. Elle me regarda avec effroi, mais je la rassurai rapidement : "Je ne veux pas te faire de mal, je suis juste en fuite. Peux-tu m'aider ?"
La prostituée, qui se présenta sous le nom de Léa, hocha la tête. "Je connais un passage secret qui te permettra de retourner à la surface sans être repéré", me dit-elle.
Léa me conduisit à travers un dédale de tunnels et de chambres secrètes, jusqu'à une échelle qui menait à une trappe dissimulée sous une benne à ordures dans une ruelle déserte. Avant de partir, je la remerciai et lui donnai mon numéro de téléphone en cas de besoin.
Une fois à la surface, je repris mon souffle et réalisai que j'avais échappé de justesse à une mort certaine.
Je ne pus m'empêcher de penser à Frank. Avait-il connaissance de tout cela ? Était-il impliqué d'une manière ou d'une autre ? Je devais le découvrir, mais je devais également faire attention à qui je faisais confiance. Désormais, ma vie et celle des innocents étaient en jeu, et je ne pouvais pas me permettre la moindre erreur.